Une chrétienne parle aux chrétiens, serviteurs de Dieu

Photo : Diana Vargas / Unsplash

Nous avons eu dans notre parcours bien des querelles entre mon mari et moi, des querelles qu’il laissait bien souvent se consumer sans prendre le temps de s’assurer que tout foyer de trouble était éteint.

« Maris, aimez vos femmes comme Christ a aimé l’Eglise »

Ainsi, le lendemain soir d’une de ces disputes, mon mari était avec sa guitare à la main, prêt à m’inviter à me joindre à lui pour un temps d’intercession. Mais, dans mon cœur, restaient du ressentiment et de la frustration.

Je lui proposai alors un moment de recueillement où chacun de nous se laisserait examiner par Dieu, avant de pouvoir Le louer. J’étais consciente, en effet, que Dieu n’agrée nullement des louanges ou des prières des mains et des cœurs chargés, non lavés par les eaux de la repentance.

Lorsque nous eûmes fini cet instant d’auto-examen devant la face de Dieu, je lui dis :

– « Nous ne pouvons aller voir le Seigneur et être favorablement reçus de Lui, sans régler certaines choses entre nous. Il nous faut ôter tout foyer de trouble. »

A travers les crises que notre couple traversait, le Seigneur me fit comprendre de précieuses réalités.

Beaucoup de couples dans le ministère souffrent secrètement et sont au bord de la déroute. Par ce que nous avions vécu, le Seigneur me montrait la situation des épouses des ministères.

La plupart d’entre elles (je parle des couples en crise) ont connu une conversion authentique et valable au Seigneur. Mais cette rencontre avec Dieu s’est arrêtée à la crainte de Dieu, de Sa Parole, et ces femmes n’ont pas fait la rencontre de l’amour avec le Père : connaître le cœur du Père, ou connaître (vivre) Dieu comme leur Père.

Il leur manque ainsi la sécurité, le repos et la vie épanouie qu’on ne peut avoir qu’en ayant fait cette rencontre de cœur avec le Père.

Or ces femmes, manquant de cette dimension vitale de la sécurité qui résulte de la connaissance de l’amour du Père, resteront dans une atmosphère de frustration, de solitude intérieure de l’âme, et d’insécurité, surtout lorsqu’elles sont mariées à des époux zélés, fonceurs, ayant les ailes de missionnaire sur la peau.

Le zèle des époux, notamment lorsqu’ils sont très engagés dans les activités, dans leurs pensées, leurs écrits, leurs déplacements, augmentera le sentiment d’insécurité et de frustration chez les épouses sur lesquelles pèse souvent le poids des soucis de la vie et des fardeaux des jours. N’ayant pas la vision des époux, mais s’attachant davantage aux choses domestiques, elles verront dans le zèle des époux pour l’œuvre du Seigneur un détachement, voire une désolidarisation par rapport aux soucis, aux divers fardeaux du foyer. Plus difficile encore, elles verront dans ce zèle comme une agression, une violation faite à leur encontre car elles se verront comme bousculées par les maris « absents » ou toujours « ailleurs ».

Elles développeront une humeur pesante, voire acariâtre dans le foyer et seront, derrière cet extérieur agressif, malheureuses et désespérément seules dans leur âme, à côté de maris présents physiquement, mais dont l’esprit est déjà loin en mission.

A force de voir leurs époux impliqués sans cesse dans les « choses de Dieu » et absorbés par des objectifs situés à dix mille lieux de leurs préoccupations quotidiennes de femmes, elles commencent alors d’abord à s’irriter, à semer une mauvaise ambiance dans le foyer, puis à mépriser leurs maris « irresponsables, rêveurs et absents », et même à rejeter, pour certaines, les œuvres et la personne de Dieu dans la foulée, car elles rendent secrètement Dieu responsable de l’attitude engagée de leurs époux. Se tissera alors une sorte d’amertume intérieure contre Dieu qu’elles verront comme tyrannique et arbitraire, L’accusant de leur « voler » leurs maris et leur droit à une vie de famille « tranquille » et « normale ».

Cette vision de Dieu les fermera davantage au cœur d’amour du Père. Et comme tout dialogue semble impossible dans le couple, les épouses deviennent bloquées, hermétiques dans leur relation avec Dieu. La dépression et le mal-être règnent avec des tendances aux pleurs, ce sont « ces femmes, dit-on, qui pleurent pour tout et pour rien ».

Les époux finissent par se lasser de leurs épouses et par ne plus prêter attention à leurs pleurs. Ils ne pourront plus être sensibles au message de détresse, de supplications désespérées, désemparées de leurs épouses à travers leurs larmes ou leurs mauvaises humeurs extérieures.

Ils verront l’agressivité ou la mauvaise volonté extérieure de leurs épouses et ne sauront pas discerner, avec les yeux de l’amour de l’Époux, les signaux, les appels de détresse des vases fragiles et brisés que Dieu leur a confiés, à eux en tant qu’époux… Les pleurs des épouses désemparées, paniquées et insécurisées face aux pas de plus en plus précipités, empressés des époux fonceurs, pas qu’elles ont essayé, pour la plupart, de rattraper mais dont la cadence devenue de plus en plus rapide les laissent désemparées, sur le bord du chemin « missionnaire », tandis qu’elles emprunteront le chemin de la solitude et de la dépression.

Quant aux époux, face à l’humeur irritable de leurs épouses, ils réagissent en s’enfermant dans leurs bureaux et leurs tours de prière ou en correspondant par email avec des frères avec qui « on est plus en phase ! »

– « De toute façon, elle s’énerve pour tout, ne s’intéresse à rien, ne comprend rien aux choses de Dieu…, à moi les âmes perdues du Pôle Nord, le combat spirituel et le mont Sinaï ! »

Ils glisseront vers le mépris ou permettront aux pensées de mépris de se glisser dans la forteresse de leur cœur à l’égard de celles qui furent leurs gazelles d’amour au temps de leur jeunesse.

Et voilà pourquoi beaucoup de ministères voient leurs couples pâtir sans qu’ils aient encore de la force pour relever la situation. Leurs épouses gémissent misérablement dans le silence du foyer, tandis que leurs maris embrassent des foules, leur parle d’amour (!) et même se portent conseillers conjugaux lors des séminaires !

J’ai moi-même été traumatisée par la biographie d’un grand missionnaire aux Indes, William Carey. Le livre faisait l’éloge de cet homme infatigable dans l’œuvre de Dieu, un homme qui était prêt à tout sacrifier pour le salut des âmes de l’Inde. Et, en effet, sa femme fut mise sur l’autel des sacrifices et y mourut d’une crise de folie ; elle fut contrainte à choisir entre les deux alternatives suivantes : soit suivre son époux, soit se séparer de lui car ce dernier, avec ou sans l’accord de son épouse, était résolu à partir en Inde, à l’époque encore primitive et sauvage. La jungle avec ses animaux sauvages, ses tigres, vipères et une culture inconnue, l’absence répétée et longues de son mari eurent raison d’elle.

Des milliers d’Indiens, sans doute, furent évangélisés, mais la femme s’éteignit, l’œuvre continuait. Et j’ai pleuré.

Et traumatisée par cet exemple, j’étais restée une quinzaine d’années de conversion authentique avec un sentiment d’amertume et de méfiance à l’égard d’un Dieu qui, je pensais, était tyrannique et arbitraire, en exigeant quelquefois la destruction d’un foyer pour atteindre l’objectif de Ses œuvres. Je m’étais donc tenue hermétique à l’amour de Dieu et a fortiori à Dieu en tant que Père d’amour, ayant à Son encontre du ressentiment et un regard de reproche. La crainte de Dieu, de Sa Parole, la sanctification, le salut, je les avais, mais ne pouvais recevoir Son amour. J’étais amère contre Dieu à cause de cette vision que j’avais de Lui et étais restée bloquée durant toutes ces années dans ma relation avec Lui, jusqu’au jour où Il me fit grâce en me révélant son vrai cœur de Père, et je me suis effondrée face à ce regard dévorant d’amour.

Et cette rencontre avec Dieu en tant que mon Père d’amour transforma notre couple.

DIEU NOTRE PERE D’AMOUR

Ainsi, pour les époux enflammés, fonceurs dans l’œuvre du Seigneur, s’il vous plaît, entendez le message du Seigneur : Votre première œuvre, votre première charge est d’aimer, non les âmes du bout de la terre seulement ou votre voisin, mais d’abord celles qui reposent à l’ombre de vos ailes.

Si vous prenez Dieu comme votre Ami, sachez que cet Ami pour qui vous croyez travailler vous demandera un jour :

– « Adam, où est ta femme Ève ? Il répondit : Je ne sais pas ; suis-je le gardien de ma femme ? »

Et Dieu dit : « Qu’as-tu fait ? La voix de ta femme crie de la terre jusqu’à Moi. » Mais l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? »

Vous ne pouvez vous cacher derrière vos œuvres car votre première œuvre est d’aimer celles que le Créateur vous a confiées. Vous en êtes les gardiens.

Ces propos sont sévères à l’égard des hommes, mais de même que Dieu s’est d’abord adressé à Adam après la tentation, de même Il vous demandera compte en premier. A cause du rôle et du rang de l’homme par rapport à son épouse, Dieu le regardera toujours plus sévèrement que le « vase fragile » qu’Il a confié à sa garde.

« Mais par-dessus toutes ces choses, revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection. Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs » (Colossiens 3:14-15).

« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne… Et quand j’aurais le don des langues…, et quand je distribuerais mes biens aux pauvres…, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien » (1 Corinthiens 13).

Il ne vous sera pas demandé combien vous avez investi dans votre travail pour Dieu, mais comment (le cœur) vous avez œuvré pour Lui :

« Adam (Homme), Je t’ai confié une brebis d’entre cent, tu sais, la plus fragile, celle qui s’est égarée. As-tu été à sa recherche, as-tu été en peine pour elle à cause de sa situation ? L’as-tu prise sur tes épaules ?

As-tu pris la peine et le temps, le cœur et l’âme en pleurs, de Me supplier pour le sort de ton épouse ? As-tu cherché à comprendre les causes de ses blocages, de ses craintes et de son insécurité ? Connais-tu les soupirs profonds de son cœur solitaire ? Tu sais, elle ne connaît pas Mon cœur de Père et cherche de l’amour dans ton cœur de pierre, et s’en trouve blessée.

Mais au fait, Adam, connais-tu, toi, Mon cœur de Père, les lueurs d’amour, de compassion et de miséricorde dans Mes yeux pour ta misère ? As-tu déjà tâté Mon cœur, en as-tu ressenti les saignements de Mon amour pour toi ?

Penche-toi sur Moi, Je pleure sur toi, pour toi, pour qu’à ton tour, tu pleures en faveur de celle que Je t’ai confiée.

Aime-la pour Moi, ton Seigneur, veux-tu ? Car elle est Ma perle précieuse que j’ai confiée à tes soins. »

– Pierre, M’aimes-tu ?

Oui, Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je T’aime.

– Pais Ma brebis. « 

« Et si toi-même, tu n’as pas encore reçu Mon amour de Père pour toi, alors crie à Moi. Je déverserai dans ton cœur Mon amour de Père et tu comprendras, tu vivras Mon amour de Père pour ton épouse orpheline de Père. Car Je veux Me révéler à elle comme son Père aimant. Oh, qu’elle puisse voir son Père à travers tes yeux… Si tu sais l’aimer de Mon amour, elle verra Mes yeux d’amour. Si tu sais l’attendre, au temps fixé où Je lui rendrai visite, elle te sera d’une grande aide pour ton ministère dont Je lui dépars la moitié de l’héritage et des bénédictions. »

Tout ministère commence dans le couple et le foyer. Si l’on ne prend pas le temps de bander et de soigner l’amour, le ministère basé sur un fondement déjà ébréché est en danger mortel.

MA PRIERE

Ô Dieu de toute vie, qu’un esprit de contrition, de brisement et de repentante tombe sur nous. Que l’humiliation et la réconciliation coulent de nos cœurs touchés par Ta voix suppliante de Père.

Fais la grâce, par la révélation de Ta Parole et de Ton Esprit, aux épouses deTe connaître dans Ton amour de Père afin que toute crainte et insécurité leur soient ôtées et qu’elles épousent ce que Tu as mis (les visions, les œuvres) dans le cœur de leurs époux, et y rentrent.

Fais la grâce aux époux d’user de patience et d’attente envers leurs épouses afin de gagner leur confiance par l’amour et que leur crainte soit apaisée.

Que la repentance et l’humiliation et la réconciliation viennent sur nos couples, afin que rien ne vienne faire obstacle à nos prières.

Par Jade (sud-ouest France)

Note : L'auteur de ce message, extrait de son journal intime, est une mère au foyer de 38 ans, qui élève 3 enfants : 2 garçons et une fille. Son époux est ingénieur chargé de recherches, dans l'aérospatial.